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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 18:04

 

 

Par Rachid Ziane

L’idée de l’organisme intoxiqué voire auto-intoxiqué est présente, notamment chez de très nombreux sportifs. Cette idée les conduit à rechercher des moyens de détoxification. Ceux-ci sont proposés sur des sites internet et des revues sportives ou de santé et discutés sur les forums en ligne.
- Qu’est-ce qu’une toxine ?
- Quelles en sont les sources ?
- Quels en sont les effets ?
- Quelles sont les solutions préventives ?

 

 

Qu’est-ce qu’une toxine ?
La confusion vient entre autre de l’extension du terme toxine.
Au sens restreint, une toxine est une “substance toxique élaborée par un organisme vivant” :
- bactérie (exotoxines),
- champignon vénéneux (mycotoxines),
- insecte ou serpent venimeux (venin).
Certaines plantes peuvent aussi produire des toxines, parmi lesquels : tanins, lignine, alcaloïdes, cyanogène… et les terpènes.
Les toxines peuvent provoquer de puissants effets sur l’organisme des maladies :
- botulisme,
- dysenterie,
- tétanos,
- diphtérie.
Employé dans un sens général, une toxine est une substance chimique toxique, c’est-à-dire un poison pour l’organisme (ammoniaque, urée…).
Cependant, on sait depuis Paracèlse que : « Rien n’est poison, tout est poison : seule la dose fait le poison. ». Par exemple, l’oxygène qui nous est indispensable pour vivre, devient un poison lorsqu’il est respiré pur. Paradoxalement, des produits toxiques peuvent jouer un rôle médical à très faible dose.

 

 

Toxines et produits toxiques… présents dans l’organisme ?
Leurs sources sont discutées :
- L’exercice physique génère des déchets métaboliques (urée, acide urique, ammoniaque…) qui sont transportés des cellules au foie via le sang avant d’être éliminés.
- Le stress, selon certains, serait générateur de toxines. Il s’agit en fait d’hormones (adrénaline, cortisol…), qui lorsqu’elles sont libérées massivement dans l’organisme provoquent des lésions du cœur, des reins, du pancréas et des gonflements inflammatoires des articulations…
- L’alimentation, contient des matières qui ne sont pas assimilables par l’organisme. Celles-ci sont séparées, acheminées puis stockées avant d’être évacuées. Une partie importante des bactéries du colon participent à leur dégradation. L’activité physique et les fibres alimentaires participent à leur évacuation (fécès).
- Les médicaments, qui contiennent des principes actifs (molécules). Utiles en cas de maladie, ceux-ci peuvent empoissonner l’organisme en cas d’automédication ou de surdosage.
- Les polluants extérieurs : gaz d’échappement ou d’usine, produits d’entretien ménager, poussières de photocopieuses et d’imprimantes… qui sont inhalés et dont une partie se retrouve dans le sang…
A part la toxine botulinique, les toxines biologiques provenant de l’alimentation sont détruites par les sucs gastro-intestinaux. Cependant, l’alimentation peut apporter de nombreux produits chimiques toxiques :
- des métaux lourds (plomb, mercure…) présents dans les poissons prédateurs péchés (thon, saumon, brochet, espadon…),
- des traces d’engrais chimiques, les pesticides utilisés dans l’agriculture,
- des traces de médicaments administrés aux animaux d’élevages destinés à la boucherie et même des germes pathogènes.
Leur utilisation croissante, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, serait corrélée à “l’explosion” du nombre de cancers depuis cette époque.
A l’inverse, certains aliments joueraient un rôle détoxifiant.

 

 

Le raisin, un aliment détoxifiant ?
La croyance en un pouvoir détoxifiant du raisin est bien ancrée chez certains sportifs et entraîneurs. Ceux-ci suivent des cures de raisin auxquelles sont attribués des effets puissants, parmi lesquels :
- « débarrasse des toxines »,
- « améliore notre vitalité et notre énergie »,
- « chasse la fatigue »,
- « agit sur la digestion »,
- « régule le transit intestinal »,
- « améliore la qualité de la peau »,
- « apaise les personnes nerveuses »,
- « agit sur les troubles du sommeil »,
- « efficace contre les rhumatismes, les problèmes cardiovasculaires, urinaires, problèmes de poids »,
- « fait fondre la graisse et non les muscles »,
- « fait baisser le taux de cholestérol »,
- « désencrasse le corps »,
- « régule les hormones et la thyroïde …».
Une telle liste d’effets aussi diversifiés et métaphoriques devrait alerter le candidat. Mais, le doute est entretenu par des recommandations dont certaines sont tout à fait sensées : « …choisir du raisin de culture biologique, n’ayant pas été contaminé par des engrais chimiques ou des pesticides ».
Les propos des chercheurs sur le sujet sont plus pondérés…
En ce qui concerne sa composition, ils reconnaissent la présence :
- de vitamines B1, B2, B6, B12, PP,
- d’acides organiques (malique, tartrique…),
- de sels minéraux et d’oligo-éléments basifiants (potassium, magnésium, manganèse et zinc),
- de sucres (glucose, fructose),
- de fibres.…et plus récemment :
- des polyphénols qui pourraient jouer un rôle et protecteur contre les maladies cardiovasculaires.
- des flavonoïdes au sujet desquels des études ont mis en évidence une activité anticancéreuse.
En ce qui concerne ses effets sur l’organisme : En dehors de toute logique, ce n’est pas parce qu’un aliment contient des molécules particulières, que celles-ci agissent aussi puissamment sur l’organisme que si elles étaient prises seules et concentrées. Quoiqu’il en soit, il est admis est que, pris à jeun, le raisin est laxatif. Il peut ainsi participer à l’élimination intestinale de composés toxiques.

 

 

Conclusion
Contrairement aux croyances de sportifs, l’urémie et l’azotémie :
1. correspondent à l’élévation anormale dans le sang du taux d’urée et d’autres produits d’excrétion azotée.
2. résultent de l’impossibilité d’excréter les déchets métaboliques au fur et à mesure de leur production,
3. sont des stades terminaux de l’insuffisance rénale progressive.
Il s’agit là de pathologies et non pas d’un “état d’encrassement” interne post-effort nécessitant des moyens particuliers voire un “décrassage”. Chez le sportif en bonne santé, les déchets métaboliques sont éliminés par le foie et par les reins.
En ce qui concerne la présence de toxines bactériennes : « Le choc septique ou infectieux […] aboutit à une insuffisance de fonctionnement cardiaque […]se caractérisant par une tachycardie […], une tachypnée (accélération du rythme respiratoire), une oligurie (diminution de la quantité des urines éliminées) et une acidose métabolique[…], l’ensemble survenant chez un sujet fébrile. » . Il s’agit là aussi d’un tableau clinique… pathologique et non pas d’un état post-effort !
En conséquence : « c’est une fausse croyance que de croire que le corps a besoin de désintoxication ».

 

 

Références
Auteur non-précisé. (2011). Cure detoxification. En ligne.
Auteur non-précisé. (2009). Les effets des métaux lourds sur l’environnement et la santé. Rapport d’informations du Sénat. En ligne.
Auteur non-précisé. (2004). Engrais et pesticides – Humains et environnement. En ligne.
Cathiard-Thomas, M. & Pezard, M. (1998). La santé par le raisin et la vinothérapie – prévention du cancer et des affections cardio-vasculaires, soins anti-âge et minceur. Librairie de Médicis éditeur.
d’Halewyn, M.-A. & Chevalier, P. (2007). Prions et farines carnées destinées à l’alimentation porcine : Risques pour la santé humaine. Institut National de Santé Publique. Québec.
Di Constanzo, G. (2006). Azotémie. In Encyclopedia Universalis. Mérignac.
Lefrançois, P. (2005). Raisin contre cancer, de nouvelles pistes.

 

source : cg94

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